10.12.09

C'est tellement si bon



De Marie Mélisou et Stéphane Nicolet / Le Lutin Malin, 2009


Fils unique, de parents divorcés, à la garde d’une mère débordée de travail, voilà une vie que connaissent nombre d’enfants. Gabriel, 10 ans, espère que sa mère, pour une fois, tiendra sa promesse et lui accordera une soirée rien que pour lui. Au programme : cinéma et restaurant chinois ! Evidemment, Milène, la maman, fera passer son travail en premier… Telle est la trame de ce court roman qui, sur un thème ancien, les relations mère-fils, tisse une histoire moderne à base de cuisine – chacun pourra vérifier comment on confectionne d’excellentes mousses au chocolat – et de forum internet. Les personnages, le détestable chef de bureau, les collègues prennent vie par le regard de Gabriel et, cousine, ami et internautes convergent pour l’épauler face à l’adversité. Les jeux graphiques, les noms de code amuseront les jeunes lecteurs familiers de ces pratiques et la morale optimiste du roman fera comprendre qu’il est parfois plus simple de communiquer avec de lointains étrangers qu’avec des proches « absents ».

L'ébouriffée


De Hélène Vignal et Clémence Pollet / Rouergue, 2009


Un petit train rouge chemine, découvrant un inventaire de personnes, d'objets et de situations hétéroclites. Où roule-t-il exactement ? L'imaginaire devient roi. Tout se passe comme si - symbolisé par des rails, donc - le fil de la pensée d'un être humain se déroulait sous nos yeux, avant que ce fil ne rejoigne la chevelure du héros, une fillette qu'on devine à forte personnalité. Flottant d'abord à la surface de souvenirs construits, sans doute immédiats, puis rentrant de plus en plus profondément dans un inconscient lointain et disparate, Anne Vantal décrit de manière courte et brute, tout ce qui peut construire une petite personne. Les illustrations singulières de la jeune Clémence Pollet fonctionnent sur la double-page. Nous sommes dans une fantaisie assez dure, mais suffisamment épurée pour laisser la place aux propres images du lecteur. Un bel album à lire à voix haute et à rêver. Prix du Premier Album du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil 2009.

3.12.09

La petite danseuse et la marionnette


De Stéphanie Bille et Constanza Bravo / La Joie de Lire, 2003


Constanza Bravo illustre un texte de Stéphanie Corinna Bille, disparue en 1979. Il s’agit d’un conte poétique qui relate les mésaventures sentimentales d’une danseuse si petite qu’elle habite dans la poche de son maître, un gros bonhomme qui l’exhibe dans les foires. Le jour où elle assiste à un spectacle de marionnettes, elle tombe éperdument amoureuse d’un petit cavalier, mais lorsqu’elle comprend qu’il n’est qu’un petit pantin inanimé, taillé dans du bois, elle est au désespoir. Stéphanie Corinna Bille a plusieurs fois été inspirée par les personnages de marionnettes (Marietta revisitait l’histoire de Pinocchio), pour ce conte, elle a choisi la tonalité du merveilleux, son texte, empreint de fantaisie, est à la fois grave et léger, ce que traduisent aussi les belles illustrations de Constanza Bravo qui pratique l’art de la miniature pour mettre au premier plan le personnage de la petite danseuse et en faire ressortir toute la grâce te la fragilité.



17.11.09

Petites météorologies


De Anne Herbauts / Casterman, 2006





« Petites météorologies » dit bien des choses sans présenter une seule ligne de texte. Le pouvoir de l’image, de la mise en page et des petits caches en carton à soulever sur chaque page…Ce livre est un bel objet qui ne délivrera son message qu’à celui ou celle qui saura prendre le temps de rêver. Un personnage envoie une lettre à un ami. Le fil rouge de cette histoire est rose. Rose comme un nuage qui traverse les paysages. On survole des habitations, on croise des personnages, on imagine des histoires derrière chaque fenêtre. Ce sont des petites scènes de la vie quotidienne qui parlent à tout le monde. Anne Herbauts est attentive aux petits riens de la vie. Elle plonge le lecteur dans un univers qui semble silencieux au premier abord. Mais ces silences sont des pauses chargées de sens. L’histoire demande à être inventée ; le lecteur a carte blanche. Comme avec la météo, tout est possible…

Je vous aime tant


De Alain Serres / Rue du Monde,  2006

Avec Je vous aime tant, Alain Serres propose un hymne à la vie, fait de ces petits riens qui peuvent, tout à coup, devenir rares et importants. Au 6ème étage de son immeuble, Gaétan, jeune garçon, reste de longs moments à la fenêtre. Il regarde la vie en bas, pique du nez ou tente de dévisager les nuages. Il observe surtout sa voisine d’en face, celle de la fenêtre bleue. Même si elle ne sourit pas, même elle tente de l’éviter du regard, Gaétan peu à peu devient un amoureux transi. Un jour, un samedi, le garçon décide d’annoncer sa flamme et d’envoyer une lettre à la belle. C’est le début d’une autre aventure. On suivra alors le voyage de cette lettre et le rythme peu à peu s’accélère. La solitude, la pauvreté, la guerre, l’Afrique, et même l’opéra, autant de voyage insolite pour cette petite lettre d’amour, qui travers tout autant les bombardements que le temps. Jusqu’à arriver, après bien des années, à sa destinataire, avec un « Je vous aime tant » écrit par une main d’enfant. On pourrait croire à une vie ratée… Il n’en est rien et l’on retient surtout ici un moment plein d’émotion où même, au terme de sa vie, l’amour est encore bien présent. Les illustrations, en vignette, d’Olivier Tallec, se déroulent comme une bande dessinée. Nous sommes ici tout autant spectateur que voyeur. Images crayonnées, certaines quasi inachevées, Olivier Tallec renforce l’impression du temps qui passe, qui se bouscule et qui parfois déborde. Un album à savourer et à partager.

Le Cirque Imaginaire


De Serge Ceccarelli / Gulf Stream Editeur,  2007

Jeunes gens, préparez-vous à assister au plus loufoque, mais merveilleux spectacle de cirque. Le cirque imaginaire vous ouvre ses portes pour la première fois dans un enchaînement de numéros à couper le souffle. Ensorcelant, inventif, inattendu, féerique ou envoûtant, ce spectacle vous réserve de belles surprises. Igor, athlète magistral, soulèvera un éléphant d'une main, Monsieur Gaëtan prendra bien des risques en jouant les équilibristes en appui sur un crocodile, Dragomir, l'homme incassable, supportera le poids d'un rhinocéros sur son corps, Honorine Tranchant, évoluant sur une lame de rasoir, vous offrira la plus gracieuse des danses, Pipo et Angelo, les clowns volants, feront démonstration de leurs talents au milieu des rires… Et le clou du spectacle ? Kalima, la jongleuse aux mille mains, qui vous ensorcellera…
La magie est au rendez-vous ! Voilà un spectacle de cirque comme vous n'en avez jamais vu. Entre tours d'adresse et de passe-passe, agilités, démonstrations de force et jeux avec l'imaginaire, vous ne pourrez bientôt plus détacher vos yeux de cet album d'une grande qualité. C'est une vraie réussite. La quatrième de couverture promet « un univers onirique inspiré de l'univers de Dali.» C'est peu dire… Chaque mot, chaque illustration sont, un appel à la rêverie mêlant poésie, humour, surréalisme, imaginaire. Le cirque imaginaire c'est le cirque en plus grand, en plus fort, en plus intense !

3.11.09

Très vieux monsieur


De Adeline Yzac et Eva Offredo / Rouergue, 2009



« Très Vieux Monsieur adore avoir une belle tête. Alors, il en change souvent. Selon les circonstances. Pour le plaisir. Pour séduire Très Vieille Dame. Pour faire rire Toute Petite Fille. »
…mais, une nuit, la tête légère de Très Vieux Monsieur commence à s’envoler. C’est un voyage qui l’éloigne de ses voisins, de ses amis et de sa famille. On nous avait fait découvrir un vieil homme fantaisiste et original comme on les aime. D’ailleurs, « Très Vieille Dame l’adore comme ça. Toute Petite Fille l’adore tout court. » Peu à peu, cependant, un autre personnage se dessine : qui doute de s’être marié avec une aussi vieille fiancée ! qui perd pied avec la réalité et finit par totalement s’envoler…
C’est une belle, une très belle histoire, accompagnée d’illustrations d’une extrême sensibilité, à fleur de peau, de rayures ou peut-être même de nervures… tel un arbre nous dévoilant son âge et ses histoires… Les sentiments affleurent, l’émotion se niche entre les tons de gris, de beige et de blanc, dans une atmosphère aérienne, tantôt lunaire, tantôt boisée, toujours onirique. Je ne saurais trop vous recommander de partager cet album entre petits, grands et… très vieux !