17.11.09

Petites météorologies


De Anne Herbauts / Casterman, 2006





« Petites météorologies » dit bien des choses sans présenter une seule ligne de texte. Le pouvoir de l’image, de la mise en page et des petits caches en carton à soulever sur chaque page…Ce livre est un bel objet qui ne délivrera son message qu’à celui ou celle qui saura prendre le temps de rêver. Un personnage envoie une lettre à un ami. Le fil rouge de cette histoire est rose. Rose comme un nuage qui traverse les paysages. On survole des habitations, on croise des personnages, on imagine des histoires derrière chaque fenêtre. Ce sont des petites scènes de la vie quotidienne qui parlent à tout le monde. Anne Herbauts est attentive aux petits riens de la vie. Elle plonge le lecteur dans un univers qui semble silencieux au premier abord. Mais ces silences sont des pauses chargées de sens. L’histoire demande à être inventée ; le lecteur a carte blanche. Comme avec la météo, tout est possible…

Je vous aime tant


De Alain Serres / Rue du Monde,  2006

Avec Je vous aime tant, Alain Serres propose un hymne à la vie, fait de ces petits riens qui peuvent, tout à coup, devenir rares et importants. Au 6ème étage de son immeuble, Gaétan, jeune garçon, reste de longs moments à la fenêtre. Il regarde la vie en bas, pique du nez ou tente de dévisager les nuages. Il observe surtout sa voisine d’en face, celle de la fenêtre bleue. Même si elle ne sourit pas, même elle tente de l’éviter du regard, Gaétan peu à peu devient un amoureux transi. Un jour, un samedi, le garçon décide d’annoncer sa flamme et d’envoyer une lettre à la belle. C’est le début d’une autre aventure. On suivra alors le voyage de cette lettre et le rythme peu à peu s’accélère. La solitude, la pauvreté, la guerre, l’Afrique, et même l’opéra, autant de voyage insolite pour cette petite lettre d’amour, qui travers tout autant les bombardements que le temps. Jusqu’à arriver, après bien des années, à sa destinataire, avec un « Je vous aime tant » écrit par une main d’enfant. On pourrait croire à une vie ratée… Il n’en est rien et l’on retient surtout ici un moment plein d’émotion où même, au terme de sa vie, l’amour est encore bien présent. Les illustrations, en vignette, d’Olivier Tallec, se déroulent comme une bande dessinée. Nous sommes ici tout autant spectateur que voyeur. Images crayonnées, certaines quasi inachevées, Olivier Tallec renforce l’impression du temps qui passe, qui se bouscule et qui parfois déborde. Un album à savourer et à partager.

Le Cirque Imaginaire


De Serge Ceccarelli / Gulf Stream Editeur,  2007

Jeunes gens, préparez-vous à assister au plus loufoque, mais merveilleux spectacle de cirque. Le cirque imaginaire vous ouvre ses portes pour la première fois dans un enchaînement de numéros à couper le souffle. Ensorcelant, inventif, inattendu, féerique ou envoûtant, ce spectacle vous réserve de belles surprises. Igor, athlète magistral, soulèvera un éléphant d'une main, Monsieur Gaëtan prendra bien des risques en jouant les équilibristes en appui sur un crocodile, Dragomir, l'homme incassable, supportera le poids d'un rhinocéros sur son corps, Honorine Tranchant, évoluant sur une lame de rasoir, vous offrira la plus gracieuse des danses, Pipo et Angelo, les clowns volants, feront démonstration de leurs talents au milieu des rires… Et le clou du spectacle ? Kalima, la jongleuse aux mille mains, qui vous ensorcellera…
La magie est au rendez-vous ! Voilà un spectacle de cirque comme vous n'en avez jamais vu. Entre tours d'adresse et de passe-passe, agilités, démonstrations de force et jeux avec l'imaginaire, vous ne pourrez bientôt plus détacher vos yeux de cet album d'une grande qualité. C'est une vraie réussite. La quatrième de couverture promet « un univers onirique inspiré de l'univers de Dali.» C'est peu dire… Chaque mot, chaque illustration sont, un appel à la rêverie mêlant poésie, humour, surréalisme, imaginaire. Le cirque imaginaire c'est le cirque en plus grand, en plus fort, en plus intense !

3.11.09

Très vieux monsieur


De Adeline Yzac et Eva Offredo / Rouergue, 2009



« Très Vieux Monsieur adore avoir une belle tête. Alors, il en change souvent. Selon les circonstances. Pour le plaisir. Pour séduire Très Vieille Dame. Pour faire rire Toute Petite Fille. »
…mais, une nuit, la tête légère de Très Vieux Monsieur commence à s’envoler. C’est un voyage qui l’éloigne de ses voisins, de ses amis et de sa famille. On nous avait fait découvrir un vieil homme fantaisiste et original comme on les aime. D’ailleurs, « Très Vieille Dame l’adore comme ça. Toute Petite Fille l’adore tout court. » Peu à peu, cependant, un autre personnage se dessine : qui doute de s’être marié avec une aussi vieille fiancée ! qui perd pied avec la réalité et finit par totalement s’envoler…
C’est une belle, une très belle histoire, accompagnée d’illustrations d’une extrême sensibilité, à fleur de peau, de rayures ou peut-être même de nervures… tel un arbre nous dévoilant son âge et ses histoires… Les sentiments affleurent, l’émotion se niche entre les tons de gris, de beige et de blanc, dans une atmosphère aérienne, tantôt lunaire, tantôt boisée, toujours onirique. Je ne saurais trop vous recommander de partager cet album entre petits, grands et… très vieux !

Le loup de la 135e


De Rebecca Dautremer et Arthur Leboeuf / Seuil Jeunesse, 2008




En passant près de son vieux compagnon, Chili Vince, dit Le Loup, le narrateur se souvient… Il évoque le jour où, tout habillé de rouge, il a rencontré Le Loup ; ils avaient alors tous deux traversé Manhattan, de Harlem à Brooklyn, pour aller porter quelques paquets chez Grand-Père Johnson…


Ce voyage à New York, qui entraîne le lecteur dans les souvenirs des deux personnages, est un vrai bonheur. L'harmonie des traits parfaitement maîtrisés, contribue largement au succès de cet ouvrage de très grand format. Ecrit à la première personne, le récit est prétexte à une promenade étonnante dans les années cinquante, dans des quartiers qui ne manquent pas de charme. Il permet une lecture en réseau avec plusieurs versions du Petit Chaperon rouge. Le temps qui passe enjolive l'anecdote initiale et sous-entend d'autres moments complices qui peuplent souvent la mémoire et nourrissent l'amitié. 


L'histoire est racontée à travers le monologue du chaperon lui-même, devenu vieux. Il se remémore un souvenir d'enfance et prend à témoin celui qui est resté depuis, par une pirouette de l'histoire, son vieil ami : le loup bien sûr ! Le texte évoque le conte traditionnel en toile de fond sans jamais le nommer. C'est au lecteur de jouer avec les références et de découvrir, entre les mots et les détails de l'image, le fil des événements véritables. Pourtant, ce conte-là réserve une surprise à son lecteur, car il ne finit pas tout à fait comme prévu...

Un lion à Paris


De Béatrice Alemagna / Autrement, 2006

Que faire face à l’indifférence des passants lorsqu’on est confronté à l’anonymat dans les grandes villes ?
C’est la question que se pose un lion tout droit venu de sa savane jusqu’à Paris et que les passants regardent à peine. Lui qui était venu pour se faire remarquer et changer de vie, se trouve bien désappointé.
Heureusement, une visite de Paris, où l’art est omniprésent, lui donnera l’idée de s’installer sur un socle pour faire partie intégrante de cette ville magnifique. Il trouvera là, la reconnaissance qu’il cherchait grâce aux voitures parisiennes qui klaxonnent inlassablement pour saluer sa présence. 





En compagnie du personnage, on découvre Paris à la façon d’un touriste, par petites touches comme sur des clichés instantanés. Il s’agit d’un hommage à la statue du lion placée sur la place Denfert-Rochereau.
Cet ouvrage met en valeur le talent de l’auteure-illustratrice. Dans cet album qui s’ouvre à l’horizontal, l’illustration est particulièrement originale. Elle est constituée de diverses techniques comme les portraits collés et les photos insérées qui se mêlent au dessin. 


L'affaire Jennifer Jones


 De Anne Cassidy / Milan, 2006


Tout va pour le mieux. Une famille, une maison, des amies... quand on a dix ans, on en demande pas plus. Mais un jour c'est le drame, la folie : on commet un meurtre. Tout bascule, une vie future brisée, une repentance à effectuer. C'est fou ? Pas pour Jennifer Jones, dix ans et meurtrière...


Dans la vie si tranquille d'Alice Tully, rien ne laisse présager un passé douloureux. Jeune étudiante de 17 ans, plutôt mignonne, travaillant en extra dans un bistrot, son petit-copain, toujours là, Alice est une fille comme les autres. Sauf qu'elle n'a pas de passé. Elle sort de prison, après sept années d'incarcération pour infanticide, à l'âge de dix ans. Que s'est-il passé ? Pourquoi cette fille, d'apparence si tranquille, qui collectionne les articles de presse sur le meurtre qu'elle a commis dix années plus tôt, a tué sa meilleure amie ? Comment une fillette ordinaire de Berwick Waters, de son premier nom Jennifer Jones, peut-elle assassiner sa copine Michelle lors d'une randonnée dans les bois ? Est-ce dû à l'ambiance glauque et noire qui régnait chez elle ? A sa mère, mannequin de son état, qui se livrait à la prostitution ? Elle qui pensait pouvoir se reconstruire va malheureusement voir son passé resurgir... Vous l'aurez compris, c'est un roman noir qui est traité ici, à l'atmosphère pesante. De quoi parle t-on dans ce roman ? De meurtre ? Oui. De repentance ? Oui. Mais pas uniquement. Anne Cassidy a tenu à prouver -avec succès-, que les ados étaient capables de lire et de s'intéresser à des sujets plus graves et plus « lourds » : la mort, la descente aux enfers, le sexe, la prostitution, le meurtre... Elle a aussi tenu à poser les questions : devient-on un monstre ou naît-on comme cela ? Devenir un meurtrier est-il inscrit dans nos gênes ? De plus, les détails « noirs » fusent ; ainsi on a droit à une description détaillée de sa longue descente aux enfers, de son déménagement, de son changement d'identité.

L'ogre de la couronne



De Stéphane Tamaillo et Célina Crochemore / Les 400 Coups, 2009



Pierrot, Goupil et le Verveur roulent leur bosse dans les rues de Paris, à l’aube du XXe siècle. Enfants de la Zone, orphelins, ils vivent de rapines et de petites arnaques. Souvent ils se retrouvent chez Gudule, l’Auvergnat du coin de la rue de Lappe. Une nuit, après avoir abusé de l’eau d’aff et des danses avec le Chauffeur, la jeune Victorine est enlevée. Puis c’est au tour d’Huguette, dans les mêmes circonstances. Feuillade, le policier, soupçonne le Chauffeur, connu pour son sombre passé. De son côté, Pierrot craint pour Blandine, une belle lavandière dont il est secrètement épris. Pour la protéger, il mène sa petite enquête sur celui qu’on surnomme « L’Ogre de la Couronne ». Stéphane Tamaillon nous entraîne dans le Paris de 1900. Celui de l’Exposition Universelle, des cafés remplis d’ouvriers, de la Zone et des enfants des rues. L’auteur réussit à peindre un portait vivant et réaliste de cette capitale en ébullition, notamment grâce aux descriptions : « Il y avait davantage de cafés-charbons dans cette rue que de fenêtres à une maison bourgeoise. », à des dialogues et à un vocabulaire regorgeant d’argot titi parisien gouailleur. Les personnages, s’ils manquent peut-être d’épaisseur psychologique, remplissent chacun un rôle déterminant dans l’intrigue. Par un astucieux jeu de points de vue, le narrateur omniscient nous fait parfois partager les idées du tueur. Cela permet parfois au lecteur d’avoir une longueur d’avance sur les personnages. De même, lorsque les victimes sont enlevées, elles reconnaissent leur agresseur, mais le lecteur n’est pas mis dans la confidence. Une belle immersion dans le Paris 1900, un style original, mais une intrigue policière un peu légère.

Je t'écris du pont


De Joëlle Ecormier / Océans Editions, 2009




Thomas, adolescent de 16 ans, tente de faire le deuil de celle qu'il aimait, et qui a choisi le suicide à l’aveu. Amoureuse et enceinte d’un homme non musulman, ses parents n’auraient pas supporté. Brisé, Thomas se reconstruit peu à peu… Marco, jeune garçon handicapé, apprend dans la douleur que la valeur des amis est aussi celle de la liberté d’aimer. Deux adolescentes sauvent une vieille cabine téléphonique, réveillent leur lycée et en font de l’art. Six nouvelles qui semblent demander au lecteur : « et toi, tu fais quoi de ta vie ? » De grandes idées métaphysiques flottent entre ces nouvelles : la vie et la mort, le destin et le libre arbitre, les mouvements de groupe et la marginalité, la prison qui n’est pas toujours celle qu’on croit. A mi-chemin entre des récits réalistes et des fables, Joëlle Ecormier nous questionne, nous provoque, nous entraîne à la réflexion à partir d’exemples concrets. Bien loin des clichés sur la Réunion, ces nouvelles évoquent la vie sur l’île : la cohabitation difficile entre les religions, le passé terrible de l’esclavage, la végétation luxuriante… S’il on est tenté de voir en ces héros qui prennent leur vie en main la métaphore de toute une population qui se lève, ces personnages valent surtout par eux-mêmes, en tant que jeunes adultes. L’écriture est très sensible et poétique, et ajoute aux récits et aux personnages une profondeur rare dans les nouvelles destinées aux adolescents. Un recueil de nouvelles à fleur de peau, une écriture à découvrir absolument, une collection à suivre.

Des mots plus légers


De Youn Young-seon et Jeun Keum-ha / Editions Chan-ok


 


L’ornithorynque timide « J’aimerais aussi jouer avec des amis. Je ne sais pas comment m’y prendre, alors, je reste auprès de papa et maman », le lion fier « Quand je vois de jolies fleurs ou de beaux paysages, je me sens heureux. J’aimerais que tout le monde éprouve la même chose en me regardant. », les animaux expriment tour à tour un trait de leur caractère. Avec des mots très simples et dans un style poétique, chaque adjectif (turbulent, rêveur, craintif…) est développé dans un petit texte à la première personne. Les illustrations sont des gravures en noir et argenté, portraits desdits animaux mis en valeur par la mise en page sobre et aérée. Le papier, la reliure cousue, la couverture font de cet album un très bel objet. Le thème, celui de l’identité, est abordé avec une grande subtilité (excepté la note d’intention de l’auteur à la fin, pas indispensable). Un album beau dans le fond et la forme, à mettre entre toutes les mains.

Le plus vieux de la classe


De Irène Cohen-Janca et Franck Secka / Rouergue, 2009 

John vit au Kenya. Dans son pays, les adultes analphabètes peuvent intégrer l’école s’ils le souhaitent et le peuvent. C'est ainsi qu'un beau matin, Zéfania devient le plus vieux de la classe de John... Clin d'œil à la désormais (re)connue collection DoADo, DacODac s'adresse aux 9-12 ans. Ici, le roman est sans images mais court, d'écriture simple à la première personne, et se situe dans le contexte pragmatique de l'école. Cependant, l'adaptation à un lectorat bien ciblé n'empêche pas l'éditeur de conserver la force des romans pour adolescents qui ont fait sa réputation. Irène Cohen-Janca joue de la limpidité de son intrigue pour pointer directement des problématiques essentielles en Afrique, telles que les difficultés de scolarisation, la désertification croissante... Nous vivons le quotidien - semblable à celui d'un petit Européen - du narrateur John, et Zéfania n’apparaît qu’à travers ses yeux. Révélé ponctuellement, ce dernier déjà peu bavard n'en devient que plus intéressant, et on le découvre au fil des pages bon père de famille, tranquille, sensible, obstiné également. Le procédé d’écriture par le dévoilement progressif permet encore une fin double, captivante et réussie. John ne pose jamais de jugement sur le pourquoi des situations, manière de les rendre immédiatement vivantes, intenses, et d’offrir au lecteur d'aller plus loin dans la réflexion. A la fois loin et proche de nous, un Kenya méconnu se révèle alors : à lire sans attendre.

La vie commence


De Stefan Casta / Thierry Magnier, 2009


 
Victor habite avec ses parents adoptifs dans la campagne suédoise. Il aspire à quitter cette vie rurale, sans jamais passer à l’acte. L’arrivée puis l’installation à la ferme d’une mystérieuse fille vont bouleverser la donne. Stefan Casta affirme ici une écriture proche de l’immobilisme : rythme lent qui suit les saisons, menus détails de chaque journée passés au crible, narrateur Victor aux tendances abouliques. Mais cet apparent piétinement cache des profondeurs de turbulences. La fille - au nom changeant selon les humeurs - virevolte entre les moutons et le chien de berger, crie, rit et pleure, bref dépoussière le quotidien étriqué de personnages qui avaient choisi de fuir la ville et ses tourments. On se questionne sur elle, mais aussi sur les parents de Victor, Victor lui-même. Un secret de famille se dévoile dans le dernier tiers du récit : vrai ou faux, peu importe, l’essentiel étant de continuer à vivre, et à écrire dans le cas de Victor. Stefan Casta fascine son lecteur par son style économe qui souffle le chaud sous le froid, par une subtile et constante incertitude de ce que la voix de Victor raconte. Un roman étrange et juste, en équilibre sur le fil de nos sensibilités. 

L'un d'entre eux


De Géraldine Alibeu / La Joie de Lire, 2009


« Je suis l’un d’entre eux. Quelquefois, j'imagine que je suis un autre. » L’Un d’entre eux est un jeu d’observation et d’imagination. Quatorze images mettent en scène des personnages dans des décors variés : à la plage, à la piscine, dans le désert, à la terrasse d’un café… Un commentaire se glisse dans la bande inférieure du livre : « L’un d’entre eux ne sait pas nager. On ne va pas en faire un fromage. » « L’un d’entre eux hésite. » Qui parle ? Un indice se trouve sans doute dans l’image. Mais les bandes découpées proposent, en les tournant indépendamment, une autre possibilité. Quelle est la vraie vie des gens qui se trouvent devant nous ? Les regarde-t-on différemment si l’on change de question ? Derrière un jeu apparemment léger, le « Je est un autre » cher à Rimbaud n’est pas loin. Entre poésie et curiosité pour l’autre, un livre délicatement illustré. 

C'est une expérience particulière à laquelle convie Géraldine Alibeu dans cet album, en invitant le lecteur à porter son attention à l'interdépendance du texte et des illustrations et à la particularité de ces langages respectifs. Le lecteur découvre plusieurs personnages un après-midi à la plage à travers 14 scènes. Sous chaque image le texte se lit comme des indices: "L'un d'entre eux ne sait pas nager' ou encore "L'un d'entre eux est une fille qui ne comprend pas le français". Au lecteur de deviner qui est cette personne parmi plusieurs personnages en plongeant dans les images mais aussi à chercher qui est le narrateur. Particularité de l'ouvrage: le texte placé au bas de chaque double-page peut, grâce à un jeu de découpes, se juxtaposer sous différentes images du livre. Ce qui donne lieu à plusieurs interprétations lorsqu'on bouleverse l'ordre de départ. Un jeu du regard ouvert aux interprétations pour un ouvrage pose la question d'identité à travers le regard des autres. Un livre-jeu astucieux pour une lecture active.


L'auteur 

Née en 1978 à Echirolles, en Isère, Géraldine Alibeu est diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg. Elle a publié des albums chez Sarbacane, Rue du monde, Seuil jeunesse, Autrement jeunesse,… Elle s’intéresse en parallèle au cinéma d’animation.

Mi-figue mi-raisin


De Christophe Léon / La Joie de Lire, 2009


Je ne me souviens pas - mais mes parents me l'ont répété des années durant - je viens d'un paradis perdu, d'un pays qui n'existe plus. 

Dans ce roman largement autobiographique, Christophe Léon peint le tableau haut en couleurs de sa jeunesse, des deux côtés de la Méditerranée.

Souvenirs lointains d'une Algérie mythique d'avant l'Indépendance, que ses parents se chargeront de transformer en paradis perdu, une fois rapatriés en métropole ; souvenirs plus précis de la vie à Saint-Tropez, où la famille s'installe, sûre de son bon droit et tournée sur elle-même : Christophe Léon rapporte des anecdotes drôles, grinçantes, liées à la surenchère quotidienne avec laquelle s'imposent ses parents, composant un récit tout aussi débordant et sincère.


L'auteur

Christophe Léon est né en 1 959, il vit actuellement en Dordogne et se consacre à l'écriture. A la frontière entre les genres, il se construit un parcours littéraire singulier, avec des romans jeunesse, une pièce de théâtre et des fictions contemporaines. Il a publié à L'école des loisirs, aux éditions du Rouergue, Thierry Magnier, Alice et Oskar éditions.